Au-delà du MJS… Rassembler la Jeunesse de gauche, républicaine et écologiste, dans un élan d’avenir
Cette contribution écrite il y a deux ans par notre courant est plus que jamais d'actualité...
Texte présenté par le courant JUSTICE et la Gauche Socialiste lors du conseil national du Mouvement des Jeunes Socialistes le 20 mai 2007 :
Pour la troisième fois consécutive, le camp progressiste a vu la victoire à l’élection présidentielle lui échapper. Le 6 Mai dernier - l’issue s’étant jouée de peu en comparaison avec le cataclysme connu il y a 5 ans - permet néanmoins de laver l’affront de 2002. Cela dit, chaque défaite donne l’occasion aux plus zélés d’établir le partage des responsabilités plutôt qu’un impartial bilan du triste événement dont ils sont eux-mêmes les comptables malgré le soin qu’ils mettent à s’en dédouaner.
C’est ainsi que nous avons décidé, militants de différents groupes politiques de rédiger cette contribution qui n’a pas la prétention de tirer de façon exhaustive les leçons de l’élection présidentielle - ce temps viendra - ni d’annoncer de quoi seront faits les mois ou les années à venir. Néanmoins, quelques sains éclaircissements nous permettraient de repartir mieux armés à la bataille. Nul besoin d’être un fin politologue pour observer que le défaut d’unité a considérablement compromis nos chances de victoire, nous y reviendrons.
Nous souhaitons également, par cette contribution, en appeler à notre vigilance ainsi qu’à notre responsabilité collective. Nous sommes bien placés pour savoir, nous qui avons tant lutté pour contrer l’anxiogène épidémie qu’elle entendait répandre dans notre société, que la droite qui a accédé à la Présidence de la République n’est pas n’importe laquelle. Après avoir mené une cour éhontée à l’extrême-droite durant la campagne, voilà que la grande mascarade continue aujourd’hui avec ce gouvernement d’ouverture qui tend la carotte aux anciens camarades dont la conviction se révèle bien fragile et le socialisme très approximatif. Le Sarkozisme devra trouver en le MJS un opposant féroce, toujours en alerte, pendant les 5 années avenir.
Jamais la droite n’a été aussi puissante que durant cette campagne, bénéficiant de tous les relais politiques et médiatiques nécessaires à son entreprise de persuasion malsaine et de dilution dans les esprits du sentiment de peur et de l’idée de revanche.
Néanmoins, 17 millions de Français ont porté, au second tour, leur suffrage sur le nom de Ségolène Royal, la plupart par adhésion à un projet porteur d’espoir ; d’autres, par rejet de la politique manifestement régressive et brutale qu’incarnait le candidat de droite.
Voici qui oblige à reconnaître tout le mérite de Ségolène Royal, l’extraordinaire combativité et force de conviction qu’elle a déployée tout au long de cette campagne éprouvante.
Si l’inventaire doit légitimement se faire, JUSTICE et la Gauche Socialiste se proposent de rappeler l’une des principales failles de la campagne socialiste : le défaut d’unité, et saisissent l’occasion d’émettre le souhait que tous nos efforts se concentrent à présent sur les très prochaines échéances électorales que sont les législatives. D’autre part, la nécessité d’ouvrir plus amplement le MJS apparait évidente tant elle est condition de survie de l’organisation ; le MJS pourrait en effet constituer le cadre du rassemblement des forces anti-régressives et trouver en elles la solution de son renouvellement.
I. PLUS QUE JAMAIS LE TEMPS DU RASSEMBLEMENT
Prétendre que l’échec est seul imputable au caractère trop peu « à gauche » des propositions de notre candidate est non seulement faux mais aussi stratégiquement infondé. Faux car rares sont les projets socialistes qui furent aussi novateurs, ambitieux et fidèles aux valeurs, profondément de gauche, que nous défendons collectivement depuis plus d’un siècle : la Justice, le Progrès, la Solidarité et le Respect. Stratégiquement infondé puisque l’émergence inattendue d’un centre plaidant clairement pour l’effacement du clivage gauche-droite et l’effondrement de nos partenaires de gauche témoignent que le vote progressiste ne s’est pas déterminé en fonction des accents plus ou moins gauchisants des projets mais plutôt sur les qualités de crédibilité et de réalisation des programmes. C’est sans doute sur ce point que la défense socialiste a manqué, parmi d’autres insuffisances, il faut en convenir.
Mais c’est l’unité qui a le plus fait défaut.
Le climat délétère qui a caractérisé les primaires du Parti Socialiste a laissé place à une unité molle derrière Ségolène Royal, élue dès le premier tour candidate par les militants.
Tout le monde a milité, là n’est pas la question. Mais la cohérence, l’unification des mots d’ordre et l’homogénéisation des discours ont manqué.
De plus, planait encore sur la campagne le spectre du droitisme hérité des primaires là où il n’y avait que l’ambition de remettre en débat les tabous socialistes tels que le sont la sécurité ou les 35h pour ne citer qu’eux. Le mal était fait. L’opposition à la candidature Royal, qui aurait été légitime et nécessaire dans le débat interne à la famille socialiste, s’est malheureusement muée en acharnement qui a trouvé dans les médias une expression récurrente. Celle-ci risquait de mettre à mal la crédibilité de celle qui paraissait la mieux placée pour remporter les primaires et d’altérer la formidable popularité dont elle bénéficiait.
Par ailleurs, l’amertume de certains a donné lieu à des soutiens du bout des lèvres. Petites phrases assassines, contradictions publiques, trahisons sont venus agrémenter cette ambiance de mépris et de rancœur. Sur les désaccords de fond qui persistaient, il faut convenir que notre programme présidentiel a certainement vu le jour trop tard pour que toutes les clarifications nécessaires soient menées et que ne débute une campagne claire et saine.
Sans faire l’apologie de l’autoritarisme sarkoziste, force est de constater que les dissensions au sein de l’UMP, très vives au départ, se sont vite substituées à la soif de vaincre. Pourquoi, nous qui sommes profondément en accord sur les valeurs et les principes socialistes, ne sommes-nous pas parvenus à une entente raisonnée ?
Les échéances prochaines diront si nous avons effectivement tiré les leçons de la division. Apparemment, rien n’est moins sûr.
Nous sommes par ailleurs en droit de nous demander si nous sommes toujours dans la dynamique du « Devoir de victoire ». En effet, notre organisation semble être, alors que la campagne législative vient tout juste de débuter, presque exclusivement orientée vers la perspective du Congrès.
La famille socialiste doit être toute entière mobilisée dans la bataille pour les législatives afin de limiter les dégâts de la récente accession de la droite, décomplexée et déjà concentratrice de bien des pouvoirs, à la tête de l’Etat. Une opposition forte est essentielle pour la démocratie, oserons-nous dire. Bien sûr, la victoire est improbable. Mais le cataclysme est possible. On le prévoit ici et là. Faisons mentir les sondages cette fois en remobilisant l’électorat de gauche, profondément démoralisé par la défaite.
Le MJS se doit d’entrainer la jeunesse dans la bataille législative qui s’annonce.
Poursuivons notre devoir de victoire !
II. POUR UNE ORGANISATION VRAIMENT REPRÉSENTATIVE DE LA JEUNESSE
« Quelque chose s’est levé, qui ne s’arrêtera pas ».
Les jeunes ont été très présents dans la campagne présidentielle de Ségolène Royal. D’une telle mobilisation, nous devons nous réjouir parce qu’elle est le symptôme d’un nouvel intérêt pour la chose publique. S’il n’est pas entretenu, et notamment soutenu par la jeunesse militante, cet intérêt étouffera sous la cendre. C’est à nous de répondre aux aspirations de la jeunesse qui a soif de débats, d’actions, de formations : de militantisme en bref.
Pour soutenir ce désir de politique, une ouverture du MJS est indispensable.
Le paysage politique est bouleversé et nous avons une part essentielle à prendre dans la construction d’une nouvelle donne, à gauche, pour la jeunesse.
C’est ainsi que, toujours dans cet esprit de rénovation, de rassemblement et d’apaisement, JUSTICE et la Gauche Socialiste plaident pour une ouverture du MJS à d’autres mouvements, ceux-là même qui ont été à nos côtés pendant la campagne. Le Parti serait également bien inspiré d’en faire autant et de favoriser la diversité.
Œuvrons afin que notre Parti et son mouvement jeune s’ouvrent aux différentes forces républicaines et écologistes militants pour le Progrès social. La vraie rénovation social-démocrate ne se cramponne pas à la seule remise en question de nos certitudes économiques mais est à la fois une réaffirmation de nos valeurs de gauche – le Travail, le Respect… – Et la création d’une nouvelle dynamique décomplexée qui s’attache à être au plus prêt des préoccupations de nos concitoyens.
Devenons enfin une réelle force politique élargie, ouverte et rénovée, adossée à un projet de société clair et ambitieux. Ce projet devra être construit avec l’ensemble des acteurs du progrès social de notre pays qu’ils soient politiques, syndicaux, associatifs ou sous de nouvelles formes d’engagement.
À nous de rassembler les forces progressistes et humanistes de notre pays.
Ce combat c’est ensemble que nous devons le mener.